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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


mités de l’État. L’indépendance mutuelle des pouvoirs intercale partout la tiédeur, l’inertie, la désobéissance entre l’injonction et l’exécution. La France est une fédération de quarante mille municipalités souveraines, où l’autorité des magistrats légaux vacille selon les caprices des citoyens actifs, où les citoyens actifs, trop chargés, se dérobent à leur emploi public, où une minorité de fanatiques et d’ambitieux accapare la parole, l’influence, les suffrages, le pouvoir, l’action, et autorise ses usurpations multipliées, son despotisme sans frein, ses attentats croissants, par la Déclaration des Droits de l’homme. — Le chef-d’œuvre de la raison spéculative et de la déraison pratique est accompli ; en vertu de la Constitution, l’anarchie spontanée devient l’anarchie légale. Celle-ci est parfaite ; on n’en a pas vu de plus belle depuis le neuvième siècle.