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LA RÉVOLUTION


« toutes les divisions de l’empire, dans toutes les branches de l’administration, dans chaque rapport, on aperçoit la confusion des autorités, l’incertitude de l’obéissance, la dissolution de tous les freins, le vide des ressources, la déplorable complication des ressorts énervés, pas un moyen de force réelle, et, pour tout appui, des lois qui, en supposant la France peuplée d’hommes sans vices et sans passions, ont abandonné l’humanité à son indépendance originelle. » — Quelques mois après, au commencement de 1792, Malouet résumait tout en une phrase. « C’est la Régence d’Alger, moins le Dey ».

II

Les choses ne sauraient aller autrement. Car, avant le 6 octobre et la captivité du roi à Paris, le gouvernement était déjà détruit en fait ; maintenant, par les décrets successifs de l’Assemblée, il est détruit en droit, et chaque groupe local est confié à lui-même. — Les intendants sont en fuite ; les commandants militaires ne sont pas obéis ; les bailliages n’osent juger ; les parlements sont suspendus ; sept mois s’écoulent avant que les administrations de district et de département soient élues ; un an se passe avant que les nouveaux juges soient institués, et, après comme auparavant, tout le pouvoir effectif est aux mains de la commune. — À elle de s’armer, de choisir ses chefs, de s’approvisionner, de se garder contre les brigands, de nourrir ses pauvres. À elle de vendre ses biens nationaux, d’installer le curé constitu-