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LA RÉVOLUTION


font un club distinct, opposé, et à leur tête sont les premiers fondateurs, Duport, les deux Lameth, Barnave, les auteurs de la Constitution, tous les pères du nouveau régime. Par le dernier décret de l’Assemblée constituante, ils condamnent hautement les usurpations des sociétés populaires et leur interdisent non seulement toute ingérence administrative ou politique, mais encore toute pétition ou députation en nom collectif[1]. — Voilà, pour les amis de l’ordre, des candidats tout trouvés, et des candidats qui ont des chances ; car, depuis deux ans et davantage, chacun d’eux, dans son district, est l’homme le plus en vue, le plus accrédité, le plus important ; il est soutenu, auprès de ses électeurs, par la popularité de la Constitution qu’il a faite, et, très probablement, il pourrait rallier autour de son nom la majorité des voix. — Mais les Jacobins ont prévu le danger : quatre mois auparavant[2], avec l’aide de la cour, qui n’a jamais manqué une occasion de tout perdre et de se perdre elle-même[3], ils ont exploité les rancunes du côté droit et la lassitude de l’Assemblée ; par fatigue et dégoût, par entraînement et surprise, dans un accès de désintéressement malentendu, elle a décrété qu’aucun

    300. » — Les sept députés qui, restent aux Jacobins sont Robespierre, Pétion, Grégoire, Buzot, Coroller, Prieur et l’abbé Royer.

  1. Décret des 20-30 septembre 1791, avec rapport et instruction du Comité de Constitution.
  2. Décret du 17 mai 1791. — Malouet, XII, 161 : « Il ne nous restait plus qu’une grande faute à commettre, et nous n’y manquâmes pas. »
  3. Quelques mois après, lorsqu’il s’agit de nommer le maire de Paris, la cour fit voter contre La Fayette et pour Pétion,