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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« blement dans toutes les occasions, même après une Constitution acceptée, après que les limites des pouvoirs ont été posées, comme si l’empire était toujours en insurrection, comme si vous étiez revêtus d’une dictature nécessaire au salut de la cité, comme si vous étiez, au nom du salut public, revêtus de tous les pouvoirs. » — Partout la tactique des Jacobins est la même. Dès l’abord ils se sont attribué le monopole du patriotisme, et, par la destruction brutale des autres sociétés, ils sont devenus le seul organe apparent de l’opinion publique. Aussitôt la voix de leur coterie a semblé la voix du peuple ; leur ascendant s’est établi sur les autorités légales ; ils ont marché en avant par des empiètements continus et irrésistibles, et l’impunité a consacré leur usurpation.

« Parmi tous les agents bons ou mauvais, constitués ou non constitués, celui-là seul gouverne qui est inviolable. Or le club est trop accoutumé, depuis trop longtemps, à dominer, à vexer, à persécuter, à exercer des vengeances, pour qu’une administration locale se hasarde à ne pas le regarder comme inviolable[1]. » Il

    neins, 20 avril, et lettre du procureur général syndic à M. Roland, ministre, 22 avril : « En général, il est dans les principes du maire de Tonneins que tout ce qui lui résiste est aristocrate, et sa doctrine est que tous les propriétaires sont aristocrates. Vous jugerez facilement, monsieur, qu’il n’est pas propriétaire. » — C’est un nommé Dubois, ci-devant bénédictin et devenu ministre protestant. — Arrêté du directoire contre la municipalité de Tonneins, 13 avril ; celle-ci en appelle à l’Assemblée législative ; le maire et un conseiller municipal viennent en son nom (19 mai) porter leur plainte à la barre de l’Assemblée.

  1. Archives nationales, F7, 3198. Lettre de M. Debourges, l’un