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LA RÉVOLUTION


déclare les trois corps administratifs de Strasbourg « indignes de la confiance dont ils ont été honorés », et se ligue publiquement avec toutes les sociétés du Haut-Rhin et du Bas-Rhin pour obtenir la liberté d’un Jacobin arrêté comme provocateur d’émeutes[1]. Ceux du Puy-de-Dôme et des départements voisins députent à Clermont et y établissent une société centrale de direction et de propagande[2]. Ceux des Bouches-du-Rhône traitent avec les commissaires de la Drôme, du Gard et de l’Hérault, pour surveiller la frontière espagnole, et font vérifier par leurs délégués l’état des fortifications de Figuières[3].

    « Les clubs doivent être l’école du patriotisme, ils en sont devenus la terreur. Si bientôt cette lutte scandaleuse contre l’autorité légitime et la loi ne vient pas à cesser, il n’est plus de liberté, il n’est plus de constitution, il n’est plus de sauvegarde pour les Français. »

  1. Archives nationales, F7, 3253. Lettres du directoire du Bas-Rhin, 26 avril 1792, et de Dietrich, maire de Strasbourg, 8 mai. (Le club de Strasbourg avait invité publiquement les citoyens à prendre les armes « pour sévir contre les prêtres et les administrateurs ».) — Lettre du club de Besançon à M. Dietrich, 3 mai : « Si la constitution dépendait du patriotisme ou de la perfidie de quelques magistrats d’un département, du Bas-Rhin par exemple, nous pourrions faire quelque attention à vous, et tous les hommes libres de l’empire s’abaisseraient alors à vous écraser. » — Là-dessus les Sociétés jacobines du Haut-Rhin et du Bas-Rhin envoient trois députés à la Société de Paris.
  2. Moniteur, XII, 558, 19 mai 1792. « Lettre adressée par la voie des journalistes patriotes à toutes les Sociétés des Amis de la Constitution par l’assemblée patriotique centrale formée à Clermont-Ferrand. » (Même centralisation à Lyon et à Bordeaux.)
  3. Archives nationales, F7, 3198. Rapport des commissaires Bertin et Rébecqui, 3 avril 1792. — Cf. Dumouriez, livre II, ch. v. Le club de Nantes veut envoyer des commissaires pour inspecter les fonderies de l’île d’Indret.