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LA RÉVOLUTION


lance et de calomnie, on leur montre à tout propos l’échafaud en perspective, on les décrète ou on les menace d’accusation, eux et leurs agents, sous des prétextes si vagues, avec des arguties si misérables[1], par une falsification si visible des faits et des textes, qu’à deux reprises l’Assemblée, contrainte par l’évidence, revient sur son jugement précipité et déclare innocents ceux qu’elle avait condamnés la veille[2]. Rien ne leur sert, ni leur stricte observation de la loi, ni leur soumission aux comités de l’Assemblée, ni leur humble attitude devant l’Assemblée elle-même, « ils ne songent plus qu’à lui

    mencent). » — Ib., X, 504, séance du 29 novembre. Discours d’Isnard : « Disons à nos ministres que nous ne sommes pas très satisfaits de la conduite de chacun d’eux (on applaudit à plusieurs reprises), que désormais ils n’ont à choisir qu’entre la reconnaissance publique et la vengeance des lois, et que par le mot responsabilité nous entendons la mort (les applaudissements recommencent). » — L’Assemblée ordonne l’impression et l’envoi aux départements. — Cf. XII, 73, 138, etc.

  1. Moniteur, XI, 603, séance du 10 mars. Discours de Brissot pour faire décréter d’accusation M. de Lessart, ministre des affaires étrangères. M. de Lessart est un « perfide », car il a écrit dans une dépêche que « la Constitution est devenue, pour la grande majorité de la nation, une espèce de religion, qu’elle a embrassée avec enthousiasme ». Brissot dénonce ces deux expressions comme insuffisantes et antipatriotiques. — Ib., XII, 438, séance du 20. mai. Discours de Guadet : « Le juge de paix Larivière s’est convaincu lui-même de la plus basse et de la plus atroce de toutes les passions, d’avoir voulu usurper le pouvoir remis par la Constitution aux mains de l’Assemblée nationale ». — Je ne crois pas que Laubardemont lui-même ait rien composé d’égal à ces deux discours. — Cf. XII, 462, séance du 23 mai. Discours de Brissot et de Gensonné sur le comité autrichien : la faiblesse et le ridicule de leur argumentation sont incroyables.
  2. Affaires du ministre Duport-Dutertre et de l’ambassadeur à Vienne, M. de Noailles.