IV
L’appât est bien choisi et bien présenté : il s’agit de célébrer l’anniversaire du serment du Jeu de Paume. On plantera un arbre de la Liberté sur la terrasse des Feuillants et l’on présentera à l’Assemblée, puis au roi, « des pétitions relatives aux circonstances » ; par précaution et pour en imposer aux malintentionnés, les pétitionnaires auront leurs armes[1]. — Une procession populaire est attrayante, et tant d’ouvriers ne savent que faire de leur journée vide ! De plus, il est agréable de figurer dans un opéra patriotique, et beaucoup, surtout les femmes et les enfants, désirent voir M. et Mme Veto. On a invité les campagnards de la banlieue[2] ; les rôdeurs et les va-nu-pieds des terrains vagues se mettront certainement de la partie, et l’on peut compter sur les badauds si nombreux à Paris, sur les flâneurs qui s’ajoutent à tout spectacle, sur les curieux qui, de nos jours encore, s’attroupent par centaines le long des quais pour suivre
- ↑ Mortimer-Ternaux, I, 156. Ce programme est présenté d’abord au conseil général de la Commune par Lazowski et neuf autres (16 juin). Le conseil général le rejette en alléguant la loi. « Les pétitionnaires, en apprenant cette décision, déclarent hautement qu’elle ne les empêchera pas de s’assembler en armes. » (Buchez et Roux, XV, 120, procès-verbal de M. Borie.) — La bibliographie des documents relatifs au 20 juin est donnée par Mortimer-Ternaux, I, 397 et suivantes, Les documents principaux se trouvent dans Mortimer-Ternaux, dans l’Histoire parlementaire de Buchez et Roux, dans la Revue rétrospective.
- ↑ Correspondance de Mirabeau et de M. de la Marck, III, 319. Lettre du comte de Montmorin, 21 juin 1792. « Les bandits de Paris ne suffisant pas, on a invité ceux des villages voisins. »