Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 5, 1904.djvu/258

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
254
LA RÉVOLUTION


tous, Legendre, plus déterminé que Santerre, se déclare l’orateur et le fondé de pouvoir du peuple souverain : « Monsieur, dit-il au roi, et, voyant que celui-ci fait un geste de surprise, oui, monsieur, écoutez-nous, vous êtes fait pour nous écouter. Vous êtes un perfide, vous nous avez toujours trompés, vous nous trompez encore ; mais prenez garde, la mesure est à son comble, le peuple est las de se voir votre jouet. » — « Sire, sire, crie un autre énergumène, je vous demande, au nom de cent mille âmes qui m’entourent, le rappel des ministres patriotes… Je demande la sanction du décret sur les prêtres et les 20 000 hommes. La sanction ou vous périrez. » — Peu s’en faut que la menace ne s’accomplisse. Les premiers entrés sont arrivés « la pique en avant », parmi eux « un brigand », avec un bâton emmanché au bout d’une lame d’épée rouillée « très pointue », qui « fonçait » droit vers le roi. Ensuite, et à plusieurs fois, la tentative d’assassinat est reprise opiniâtrement par trois ou quatre furieux résolus à tuer et qui en font le geste, l’un tout grêlé, en haillons, et qui s’excite par « les propos les plus sales », le second, « un soi-disant vainqueur de la Bastille », jadis porte-tête de Foullon

    Bidaut, Guibout. — Rapports d’Acloque et La Chesnaye, chefs de légion. — Chronique des cinquante jours, par Rœderer. Ib., 65 : « Je dois dire que, pendant la Convention, le boucher Legendre déclara à Boissy-d’Anglas, de qui je le tiens, que le projet avait été de tuer le roi ». — Prudhomme, Crimes de la Révolution, III, 43 : « Le roi devait être assassiné. Nous avons entendu des citoyens tout déguenillés dire : C’est pourtant dommage ; cet homme à l’air d’un bon b… »