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LA RÉVOLUTION


si vite et si bien doivent être mis en bon endroit, près des Tuileries. En conséquence, dans la nuit du 8 août, le maire, sans prévenir le commandant général et de sa seule autorité, leur fait quitter leur caserne de la rue Blanche, pour les installer avec leurs armes et leurs canons dans la caserne des Cordeliers[1].

Voilà la force militaire aux mains de la plèbe jacobine ; il ne reste plus qu’à lui remettre l’autorité civile, et les Girondins, qui leur ont fait le premier cadeau, ne manquent pas de leur faire le second. — Le 1er  juillet, ils eut décrété que désormais les séances des corps administratifs seraient publiques : c’est soumettre les municipalités, les conseils de district et les conseils de département, comme l’Assemblée nationale elle-même, aux clameurs, aux outrages, aux menaces, à la domination des assistants[2], qui là, comme à l’Assemblée natio-

    « Il ne se portera à rien ni pour ni contre le roi… Il ne se remue plus pour rien ; les émeutes sont absolument factices ; cela est si vrai, qu’ils ont été obligés de faire venir du monde du Midi pour en faire. Presque tous ceux qui ont forcé les portes des Tuileries ou plutôt qui y sont entrés, le 20 juin, étaient étrangers ou curieux, rassemblés par le spectacle que présentait cette horde de piques, de bonnets rouges, etc. Tout cela était si poltron, qu’ils s’enfuyaient au seul mouvement de présenter les armes que fit une partie de la garde nationale à l’arrivée d’une députation de l’Assemblée, et les chefs furent obligés de les rassurer et de leur dire qu’on ne voulait pas tirer sur eux. »

  1. Buchez et Roux, XVI, 447. — Chronique des cinquante jours, par Rœderer.
  2. Mortimer-Ternaux, II, 378. — 127 Jacobins d’Arras, conduits par Guffroy et Robespierre jeune, déclarent au directoire qu’ils se présenteront à ses séances pour suivre ses délibérations… « Il est temps que l’œil du maître surveille ses agents. » Là-dessus le directoire donne sa démission (4 juillet 1792). — Ib., 462