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LA RÉVOLUTION


« subalternes de ces factieux se vanter d’avoir enjoint à vos huissiers de vous porter cette réponse, et il ajoutait qu’il était temps encore pour les bons citoyens de suivre son conseil. » — Les agitateurs ont pour mot de guet : Êtes-vous sûr ? et pour réponse : Un homme sûr ; ils sont payés 12 francs par jour, et, pendant l’action, ils embauchent au même prix sur place. « Par plusieurs dépositions faites entre les mains des officiers de la garde nationale et à la mairie », il est constaté que « d’honnêtes gens ont reçu cette proposition de 12 francs pour joindre leurs cris à ceux que vous entendiez retentir, et qu’il en est à qui l’on a laissé les 12 francs dans la main ». — Pour l’argent, on puise dans la caisse du duc d’Orléans, et l’on y puise abondamment : à sa mort, sur 114 millions de biens, il avait 74 millions de dettes[1] ; étant de la faction, il contribue, aux dépenses, et comme il est l’homme le plus opulent du royaume, il contribue à proportion de son opulence. Non qu’il soit un chef véritable, son caractère est trop mou, trop ramolli ; mais « son petit conseil[2] », et notamment son secrétaire des comman-

    les députés ecclésiastiques, et ils parlaient hautement de massacrer sans miséricorde tous ceux qui ne voteraient pas pour dépouiller le clergé… Près de trois cents députés opposés à la motion n’avaient pas osé se rendre à l’Assemblée… L’affluence des bandits dans les environs de la salle, leurs propos et leurs menaces faisaient craindre l’exécution de cet atroce projet. Tous ceux qui ne se sentirent pas le courage de se dévouer évitèrent de se rendre à l’Assemblée. » Le décret fut adopté par 578 voix contre 346.

  1. Cf. tome I, 83.
  2. Malouet, I, 247, 248. Correspondance (manuscrite) de