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LES JACOBINS


l’émeute, « six hommes qui s’entendent font d’abord un petit groupe dans lequel un d’entre eux pérore avec véhémence : soixante autres s’amassent ; puis les six premiers moteurs vont de place en place » reformer d’autres groupes et donner à leur parade d’agitation l’apparence d’une émotion populaire. — Une autre fois, « quarante fanatiques à puissants poumons et quatre à cinq cents hommes payés », répandus dans les Tuileries, poussent « des cris forcenés », et viennent jusque sous les fenêtres de l’Assemblée nationale « faire des motions d’assassinat ». — « Vos huissiers, dit un député, chargés de vos ordres pour faire cesser le tumulte, ont entendu les menaces réitérées de vous apporter les têtes qu’on voulait proscrire… Le soir même, au Palais-Royal, j’ai entendu l’un des chefs

    de siècle de lumières pour la populace. » — Dans le Discours préliminaire de son futur Dictionnaire, il rappelle ses articles d’alors : « On y verra les précautions que je prenais pour que l’Europe n’attribuât pas à la nation française les horreurs commises par la foule des brigands que La révolution et l’or d’un grand personnage avaient attirés dans la capitale. » — Lettre d’un député à ses commettants, publiée chez Duprez à Paris, au commencement de 1790 (citée par M. de Ségur, dans la Revue de France du 1er septembre 1880). Il s’agit des manœuvres employées pour faire voter la confiscation des biens du clergé. « Tout le jour de la Toussaint (1er novembre 1789), on fit battre le ban et l’arrière-ban pour rassembler la troupe de ce qu’on appelle ici les coadjuteurs de la révolution. Le 2 novembre au matin, lorsque les députés se rendirent à l’Assemblée, ils trouvèrent la place de la cathédrale et toutes les avenues de l’archevêché, où se tenaient les séances, remplies d’une foule innombrable de peuple. L’armée était composée de 20 à 25 000 hommes, dont la majeure partie était sans bas ni souliers ; des bonnets de laine et des haillons formaient leur uniforme ; ils avaient pour armes des bâtons… Ils accablaient d’injures au passage