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LA RÉVOLUTION


n’a que le temps de « faire sauver la voiture qui enferme les femmes[1] ». — Aussi bien, entre les mains des volontaires, la justice nationale a des brusqueries, des intempérances ou des retours dont il est prudent de ne pas attendre l’effet. Par exemple, à Cambrai[2], une division de gendarmerie à pied, qui vient de quitter la ville, s’aperçoit qu’elle a oublié « de purger la prison » ; elle revient sur ses pas, prend le concierge, le mène à l’Hôtel de ville, se fait lire le livre d’écrou, élargit les détenus dont les délits lui semblent pardonnables, et leur fait délivrer des passeports ; par contre, elle massacre un ancien procureur du roi sur lequel on a trouvé des adresses entachées « de principes aristocratiques », puis un lieutenant-colonel peu populaire et un capitaine suspect. — Si léger et si mal fondé que soit le soupçon, tant pis pour l’officier sur lequel il tombe. À Charleville[3], deux voitures d’armes ayant

  1. Lacretelle, Dix années d’épreuves, 58. Description de Liancourt. — Archives nationales, F7, 3249. Lettre des administrateurs de l’Eure, 11 septembre (avec le procès-verbal de la municipalité de Gisors, du 4 septembre). — Mortimer-Ternaux, III, 550.
  2. Archives nationales, F7, 4394. Lettre de Roland à la Convention, 31 octobre (avec la copie des pièces envoyées par le département du Nord sur les événements des 10 et 11 octobre).
  3. Archives nationales, F7, 3191. Procès-verbal de la municipalité de Charleville, 4 septembre, et lettre de la même, 6 septembre, — Moniteur, XIII, 742, no du 21 septembre 1792. Lettre du 17 septembre sur les volontaires parisiens de l’armée du maréchal Lückner : « Plusieurs têtes ont été menacées encore hier soir par les volontaires parisiens, entre autres celles du maréchal et de ses aides de camp. Il a menacé quelques fuyards de les renvoyer à leurs régiments. Aussitôt ils se sont écriés qu’on n’était plus sous l’ancien régime, qu’on ne pouvait pas traiter ainsi des