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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


nue sous laquelle vivent les gentilshommes, même quand ils sont anciens dans le service de la liberté, et Roland trouve en tête des dossiers les lettres désespérées, directes et personnelles par lesquelles ils s’adressent à lui en dernier recours. — Au commencement de 1789, M. de Gouy d’Arsy[1] a le premier revendiqué par écrit les droits du peuple ; député de la noblesse à la Constituante, il est le premier qui se soit rallié au tiers état ; quand la minorité, libérale de la noblesse est venue s’asseoir dans la salle des communes, il y siégeait déjà depuis huit jours, et, pendant trente mois, il a siégé « invariablement du côté gauche ». Maréchal de camp à l’ancienneté et chargé sous la Législative de réduire les 6000 insurgés de Noyon, « il a gardé dix jours, dans sa poche, les ordres rigoureux dont il était porteur, » il s’est laissé insulter, il a risqué sa vie « pour épargner celle de ses concitoyens égarés, il a eu le bonheur de ne pas verser une goutte de sang ». Épuisé par tant de travaux et d’efforts, presque mourant, renvoyé à la campagne par les médecins, « il a employé tous ses revenus à soulager la misère, » il a planté le premier chez lui l’arbre de la Liberté, il a donné pour l’habillement et l’armement des volontaires, « il a versé, à titre d’imposition, le tiers au lieu du cinquième de son

    travailleront l’esprit des dix-sept communes qui ont pris part à la dévastation. »

  1. Archives nationales, F7, 3249. Lettre de M. de Gouy à Roland, 21 Septembre. (Très belle lettre et qu’il faudrait transcrire tout entière pour montrer le caractère du gentilhomme de 1789. Beaucoup de cœur et d’illusions, un peu trop de phrases.) La première visite est du 4 septembre, la seconde du 13 septembre.