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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


lucratives dont elle dispose, quatre cents distribuées par le seul Pache, quatre cents autres distribuées par le seul Chaumette[1], la Commune a 850 000 francs par mois pour sa police militaire. D’autres saignées pratiquées au Trésor font encore couler l’argent public dans les poches de sa clientèle. Un million par mois entretient les ouvriers fainéants qu’elle a racolés à son de trompe pour établir un camp sous Paris, 5 millions de francs couvrent les petits détaillants de la capitale contre la dépréciation des billets de confiance. 12 000 francs par jour maintiennent le prix du pain à la portée des indigents de Paris[2]. À ces fonds régulièrement alloués, joignez les fonds qu’elle détourne ou qu’elle extorque. D’une part, au ministère de la guerre, Pache, son complice avant d’être son maire, a institué le gaspillage et le grappillage en permanence : en trois mois d’administration, il parviendra à laisser un découvert de 130 millions, « sans quittances[3] », D’autre part,

    avoir d’argent, bijoux, assignats. » Les mêmes commissaires emmènent deux sœurs de l’hôpital avec toute l’argenterie de la maison ; les sœurs ont été relâchées, mais l’argenterie n’a pas été rendue. — Buchez et Roux, XXVI, 209 (Patriote français), séance du 30 avril 1793, compte rendu final de la commission chargée d’examiner les comptes de l’ancien comité de surveillance : « Panis et Sergent (sont) convaincus de bris des scellés… » « 67 580 livres trouvées chez Septeuil ont disparu, ainsi que beaucoup d’effets précieux. »

  1. Schmidt, I, 270.
  2. Mortimer-Ternaux, IV, 221 à 229, 242 à 260 ; VI, 43 à 52.
  3. Sybel, Histoire de l’Europe pendant la Révolution française, II, 76. — Mme Roland, II, 152 : « La comptabilité fut impossible, non seulement à établir, mais à figurer, pour 130 millions… Dans les 24 heures qui suivirent sa démission, il nomma à