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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


lants et des ministres ; c’est la société des Cordeliers invitant les autorités parisiennes « à s’emparer de l’exercice de la souveraineté et à mettre en arrestation les députés-traîtres » ; c’est Fournier, Varlet et Champion requérant la Commune « de se déclarer en insurrection et de fermer les barrières » ; ce sont toutes les avenues de la Convention occupées par « des dictateurs de massacre », Pétion[1] et Beurnonville reconnus au passage, poursuivis et en danger de mort, des attroupements furibonds sur la terrasse des Feuillants pour « juger populairement », pour « couper des têtes » et pour « les envoyer aux départements ». — Par bonheur, il pleut, ce qui refroidit toujours l’effervescence populaire, et un député du Finistère, Kervelegan, qui s’échappe, trouve moyen d’aller chercher au fond du faubourg Saint-Marceau un bataillon de volontaires brestois, arrivés depuis quelques jours et encore fidèles ; ils accourent à temps pour dégager la Convention. — Ainsi vit la majorité, sous la triple pression de la Montagne, des tribunes, de la plèbe extérieure, et, de mois en mois, surtout à partir du 10 mars, la pression va s’aggravant.

III

De mois en mois, sous cette pression, la majorité fléchit. — Quelques-uns sont domptés par le pur effroi

  1. Pétion, Mémoires, 106 (édit. Dauban) : « Combien de fois me suis-je entendu dire : « Scélérat, nous aurons ta tête ! » —