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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


section, au secours les uns des autres[1]. Sous le nom de députation ou sous prétexte d’empêcher les troubles, une troupe de gaillards solides, envoyée par la section voisine, arrive dans la salle et, subitement, y change la minorité en majorité, ou, à force de vociférations, maîtrise le vote. Parfois, à l’heure tardive où la salle est presque vide, ils se déclarent assemblée générale, et, au nombre de quinze ou vingt, rétractent la délibération du jour. D’autres fois, comme par la municipalité ils ont la police, ils appellent à leur aide la force armée et obligent les récalcitrants à déguerpir. Et, comme il faut des exemples pour imposer le silence

  1. Mortimer-Ternaux, VII, 218. Procès-verbal de la réunion des deux sections des Lombards et Bon-Conseil (12 avril), « par lequel les deux dites sections se sont promis et juré union, aide, fraternité et assistance dans le cas où l’aristocratie voudrait anéantir la liberté. » — « En conséquence, dit la section Bon-Conseil, il s’est présenté une quantité de citoyens de la section des Lombards, justement alarmés du trouble occasionné par des malveillants, pour nous porter aide et assistance. » — Adhésion de la section des Amis-de-la-Patrie. — Buchez et Roux, XXVII, 138. (article du Patriote français, 19 mai) : « Ce brigandage s’appelle assemblée des sections réunies. » — Ib., 236, 26 mai, séance de la Commune. « Des députations des sections de Montreuil, des Quinze-Vingts, des Droits-de-l’Homme sont venues au secours des patriotes de l’Arsenal ; les aristocrates ont pris la fuite, en abandonnant leurs chapeaux. » — Schmidt, I, 213, 313. (Dutard, 13 et 27 mai.) Violence contre les modérés dans les sections Bon-Conseil et de l’Arsenal : « coups de chaise donnés, plusieurs personnes blessées, un capitaine emporté dans un fauteuil ; les saute-ruisseau, les courtauds de boutique, avaient fui, les sans-culottes étaient restés maîtres. » — Meillan, 111. — Buchez et Roux, XXVII, 237, séance des Jacobins, 26 mai : « Dans la section de la Butte-des-Moulins, les patriotes, voyant qu’ils n’étaient pas en force, ont pris des chaises et ont chassé les aristocrates. »


  la révolution. iv.
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