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LA RÉVOLUTION


définitif, les quinze ou vingt, qui se sont érigés eux-mêmes en assemblée plénière, les cinq ou six, qui forment le comité de surveillance, décernent des mandats d’arrêt contre les plus notables des opposants. Dans les prisons municipales, le vice-président de la section Bon-Conseil, le juge de paix de la section de l’Unité, apprennent qu’il est périlleux de présenter à la Convention une adresse contre les anarchistes ou de signer une délibération contre Chaumette[1]. — Vers la fin de mai, dans les assemblées de section, personne n’ose plus ouvrir la bouche contre une motion jacobine ; souvent même, il n’y a pour assistants que des Jacobins ; par exemple, aux Gravilliers, ils ont chassé tout ce qui n’était pas de leur bande, et désormais aucun « intrigant[2] » n’a l’imprudence de s’y présenter. — Devenus le peuple délibérant et munis de pleins pouvoirs pour désarmer, mettre à l’index, destituer, taxer, déporter à l’armée, tenir en prison quiconque leur porte ombrage, ils peuvent maintenant, avec la municipalité pour complice et pour guide, tourner contre la Convention les armes qu’ils ont reçues d’elle, attaquer les Girondins dans leur dernier asile et s’emparer du seul fort qu’on ne leur ait pas encore rendu.

  1. Buchez et Roux, XXVII, 78, sur le juge de paix Roux, enlevé de nuit et emprisonné le 16 avril. — Mortimer-Ternaux, III, 220, sur le vice-président Sagnier, 10 mai. — Buchez et Roux, XXVII, 231, 26 mai, sur cinq citoyens de la section de l’Unité arrêtés par le comité révolutionnaire de la section, « pour avoir parlé contre Robespierre et Marat ».
  2. Buchez et Roux, XXVII, 154. Discours de Léonard Bourdon aux Jacobins, 20 mai.