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LA RÉVOLUTION


« nous sommes, la promiscuité des biens est le droit : tout appartient à tous. » D’ailleurs « il est nécessaire qu’on opère dans les fortunes un rapprochement,… un nivellement qui détruise le principe vicieux de la prépondérance des riches sur les pauvres ». Cela est d’autant plus urgent que « le peuple, le véritable peuple, le souverain, a presque autant d’ennemis qu’il y a en France de propriétaires, de gros marchands, de gens de finance et d’hommes riches… Tous les hommes à superflu doivent être regardés, en temps de révolution, comme les ennemis secrets ou déclarés du gouvernement populaire ». Ainsi, « qu’avant de quitter leurs foyers » et de partir pour l’armée « les habitants de chaque commune mettent en lieu de sûreté, et sous la sauvegarde de la loi, tous ceux qui sont suspectés de ne pas aimer la liberté ; qu’on les tienne enfermés jusqu’à la fin de la guerre ; qu’on les garde avec des piques » et que chacun de leurs gardiens reçoive trente sous par jour. Pour les partisans du gouvernement déchu, pour les membres du directoire de Paris, « Rœderer et Blondel à leur tête, » pour les officiers généraux, « La Fayette et d’Affry à leur tête, » pour « les députés reviseurs de la Constituante, Barnave et Lameth à leur tête, » pour « les députés feuillants de la Législative, Ramond et Jaucourt à leur tête[1], » pour « tous

    lez-vous un mot qui paye pour tout ce dont vous avez besoin ? Mourez, ou faites mourir. »

  1. Prudhomme, n° du 28 août 1792, 284 à 287.