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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


sauver la patrie, et, à cet effet, comme leurs pareils en d’autres bourgades du district, ils se sont constitués en pouvoir exécutif. L’institution est ancienne, surtout dans le Midi : depuis Lyon jusqu’à Montpellier, depuis Agen jusqu’à Nîmes, il y a dix-huit mois qu’elle fleurit ; mais, à partir de l’interrègne, elle refleurit de plus belle : c’est une société secrète qui se charge de convertir en actes les motions et instructions du club[1]. Ordinairement ils travaillent de nuit sous le masque ou avec de grands chapeaux rabattus et des cheveux tombant sur le visage. Leurs noms sont inscrits au siège de la société sur un tableau, chacun sous un numéro. Pour arme et pour insigne ils portent un gros bâton triangulaire orné d’un ruban tricolore ; avec ce bâton, chaque membre « peut aller partout », faire ce que bon lui semble. À Saint-Affrique, ils sont environ quatre-vingts, et parmi eux il faut compter les vauriens de la 7e compagnie du Tarn en résidence dans la ville ; pour les enrôler dans la bande, on n’a cessé « de leur prêcher le pillage » et de leur dire que dans les châteaux voisins tout leur appar-

    qui fut enfoncée, et qui doivent être, dit on, remplacés par des assignats. Les officiers de police et la municipalité, témoins de ces excès, sont parfois forcés de les autoriser par leur présence ; ils n’osent ni les réprimer ni en punir les auteurs connus. Tel est l’abrégé des désordres qui se sont commis en moins de huit jours. » — Pour Saint-Affrique en particulier, cf. F7, 3194, entre autres la lettre des administrateurs du département ; 29 mars 1792.

  1. Archives nationales, F7, 3193. Extrait des registres du greffe du juge de paix de Saint-Affrique, et rapport des commissaires du département, 10 novembre 1792 (avec les dépositions des témoins, formant un cahier de 115 pages).