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LA RÉVOLUTION


gnon a pour maîtres les bandits de la Glacière. Arles subit le joug de ses mariniers et de ses portefaix. Marseille appartient à « une bande de scélérats, vomis des maisons de débauche, qui ne reconnaissent ni lois ni magistrats et dominent la ville par la terreur[1] ». — Rien d’étonnant si de tels hommes, investis d’un tel pouvoir, en usent conformément à leur nature, et si l’interrègne, qui est leur règne, étend sur la France un cercle de dévastations, de vols et d’assassinats.

V

Ordinairement la bande sédentaire des clubistes a pour auxiliaire une bande ambulante de la même espèce ; je veux parler des volontaires, plus redoutables et plus malfaisants, car ils marchent en corps et sont armés[2]. Comme leurs confrères civils, nombre d’entre eux sont des va-nu-pieds de la ville et de la campagne ; la plupart, ne sachant comment subsister, ont été alléchés par la solde de 15 sous par jour ; c’est le manque d’ouvrage et de pain qui les a faits soldats[3]. D’ailleurs,

    441, détails sur Châlier, par son camarade Chassagnon. — Archives nationales, F7, 3255. Lettre de Laussel, 22 septembre 1792.

  1. Barbaroux, Mémoires, 85. Barbaroux est témoin oculaire, car il vient de revenir à Marseille et va présider l’assemblée électorale des Bouches-du-Rhône.
  2. C. Rousset, les Volontaires, etc., 67. — Dans son rapport du 27 juin, Aubert-Dubayet évalue le nombre des volontaires à 84 000.
  3. C. Rousset, Ib., 101. Lettre de Kellermann, 23 août 1792. — Un séjour en France, 27, 28. — Sur la misère générale, les textes sont innombrables. Cf., la Révolution, IV, 125 et suivantes. — Ar-