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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


ensuite sous ses prédécesseurs ; cependant ils s’installent chez lui, se font payer des vacations, dévastent ses bâtiments ou vendent ses meubles. — Tout cela avec l’accompagnement des meurtres ordinaires. Une lettre du directoire de l’Orne annonce au ministre[1] « qu’un ci-devant noble a été homicidé dans le canton de Sep, un ex-curé dans la ville de Bellême, un prêtre insermenté dans le canton de Putanges, un ex-capucin sur le territoire d’Alençon ». Le même jour, à Caen, le procureur-syndic du Calvados, M. Bayeux, homme du premier mérite, emprisonné par les Jacobins du lieu, vient d’être tué dans la rue à coups de fusil et de baïonnette, au moment où un décret de l’Assemblée nationale proclamait son innocence et ordonnait son élargissement[2].

Route de l’Est. — À Rouen, devant l’Hôtel de ville, la garde nationale, lapidée pendant plus d’une heure, a fini par tirer et tuer quatre hommes ; de toutes parts, dans le département, il y a des violences à propos des grains ; le blé est taxé ou emporté de force[3]. Mais Roland est tenu de se restreindre, il ne peut noter que les émeutes politiques. Encore est-il obligé d’aller vite ; car, sur tout le parcours, les meurtres foisonnent : entre

  1. Archives nationales. Lettre des administrateurs de l’Orne, 7 septembre.
  2. Mortimer-Ternaux, III, 337 (6 septembre).
  3. Archives nationales, F7, 3265. Lettre du lieutenant général de gendarmerie, 30 août. — Procès-verbal de la municipalité de Rouen sur l’insurrection du 29 août. — Lettre des administrateurs du département, 18 septembre. — Lettre de David, cultivateur et administrateur du département, 11 octobre. — Lettre des administrateurs du département, 13 octobre, etc.


  la révolution. iv.
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