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LA RÉVOLUTION


l’effervescence de la capitale et l’effervescence de l’armée[1], chacun des départements qui avoisinent Paris ou qui bordent la frontière fournit son contingent d’assassinats. Il y en a à Gisors dans l’Eure, à Chantilly et à Clermont dans l’Oise, à Saint-Amand dans le Pas-de-Calais, à Cambrai dans le Nord, à Rethel et à Charleville dans les Ardennes, à Reims et à Châlons dans la Marne, à Troyes dans l’Aube, à Meaux dans Seine-et-Marne, à Versailles dans Seine-et-Oise[2]. — Roland, j’imagine, n’ouvre pas ce dernier dossier, et pour cause : il sait trop bien comment ont péri M. de Brissac, M. de Lessart, et les soixante-trois autres prisonniers massacrés à Versailles ; c’est lui qui a commissionné de sa main Fournier, l’assassin en chef ; en ce moment même, il est obligé de correspondre avec ce drôle, de lui délivrer des certificats « de zèle et de patriotisme », de lui allouer, en sus de ses vols, 30 000 livres pour les

  1. Albert Babeau, Lettres d’un député de la municipalité de Troyes à l’armée de Dumouriez, 8. Sainte-Menehould, 7 septembre 1792 : « Nos troupes brûlent de se mesurer avec l’ennemi. Le massacre qu’on annonce avoir été fait à Paris ne les décourage pas ; au contraire, ils sont charmés qu’on se débarrasse dans l’intérieur des personnes suspectes. »
  2. Moore, I, 338 (4 septembre). À Clermont, meurtre d’un marchand de poisson, tué pour gros mots par des volontaires bretons. — Ib., 401 (7 septembre), meurtre du fils du maître de poste à Saint-Amand, soupçonné d’intelligence avec l’ennemi. — Archives nationales, F7, 3249. Lettre des administrateurs du district de Senlis, 31 octobre. (Le 15 août, à Chantilly, assassinat de M. Pigeau au milieu de douze cents personnes.) — C. Rousset, les Volontaires, 84. (Le 21 septembre, à Châlons-sur-Marne, assassinat du lieutenant-colonel Imonnier.) — Mortimer-Ternaux, IV, 172. (Meurtre de quatre déserteurs prussiens à Rethel, le 5 octobre, par les volontaires parisiens.)