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LA RÉVOLUTION


« forts, à lame courte et à deux tranchants bien affilés, pour armer de ces couteaux chaque citoyen bien connu comme ami de la patrie. Or tout l’art de combattre avec cette arme terrible consiste à se faire un bouclier du bras gauche, enveloppé jusqu’à l’aisselle d’une manche piquée en étoffe quelconque de laine, très rembourrée de chiffons, de bourre et de crin, puis de foncer sur l’ennemi avec le bras droit armé du glaive[1]. » — Servons-nous au plus tôt de ces couteaux ; car « quel moyen nous reste-t-il aujourd’hui pour mettre fin aux maux qui nous accablent ? Je le répète, il n’en est aucun autre que les exécutions populaires[2]. » — Voici enfin le trône à bas ; mais « tremblez de vous laisser aller à la voix d’une fausse pitié… Point de quartier ; je vous propose de décimer les membres contre-révolutionnaires de la municipalité, des justices de paix, des départements et de l’Assemblée nationale[3]. » — Au commencement, un petit nombre de vies aurait suffi : « il fallait faire tomber 500 têtes après la prise de la Bastille, alors tout aurait été bien ». Mais, par imprévoyance et timidité, on a laissé le mal s’étendre, et plus il s’étend, plus

  1. L’Ami du Peuple, n° 626 (15 décembre 1691).
  2. Ib., n° 668 (8 juillet 1792). — Cf. n° 649 (6 mai 1792). Il approuve le meurtre du général Dillon par ses soldats, et recommande aux troupes d’en faire autant partout.
  3. Ib., n° 677 (10 août 1792). — Voyez aussi les numéros suivants, notamment le n° 680, du 19 août, pour pousser au massacre des prisonniers de l’Abbaye, et le n° du 21 août. « Quant aux officiers, ils méritent d’être écartelés, comme Louis Capet et ses suppôts du Manège. »