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LES GOUVERNANTS

VI

Envoyés par le Comité de Salut public, une centaine de représentants, tantôt seuls, tantôt associés par deux ou trois, vont et se succèdent en province, « avec des pouvoirs illimités », pour établir, appliquer ou aggraver le gouvernement révolutionnaire, et leurs proclamations disent tout de suite en quoi ce gouvernement consiste[1]. « Braves et vigoureux sans-culottes », écrit un député qui sort de mission et annonce son successeur[2], « vous avez paru désirer un bon b… de représentant qui n’ait jamais dévié des principes, c’est-à-dire un véritable Montagnard. J’ai rempli vos vœux,

  1. Moniteur, XVIII, 291 (Discours de Barère, séance du 8 brumaire an II). À cette date, il y a 140 députés en mission aux armées et dans les départements. — Avant l’institution du Comité de Salut public (7 avril 1793), il y avait, dans les départements, 180 représentants, envoyés pour accélérer la levée des 300 000 hommes (Moniteur, XVII, 99, discours de Cambon, 11 juillet 1793). — Le Comité rappela peu à peu le plus grand nombre de ces représentants, et le 16 juillet il n’y en avait plus que 63 en mission (Ib., XVII, 152, discours de Gossuin, 16 juillet). — Le 9 nivôse an II, le Comité désigne 58 représentants pour aller établir sur place le gouvernement révolutionnaire et fixe leurs circonscriptions (Archives nationales, AF, II, 22). Dans la suite, plusieurs furent rappelés et remplacés par d’autres. — Les lettres et arrêtés des représentants en mission sont classés aux Archives nationales d’après les départements, en deux séries, dont l’une comprend les missions antérieures au 9 thermidor, et l’autre les missions postérieures.
  2. Thibaudeau, Histoire du Terrorisme dans le département de la Vienne, 4 : « Paris, 15 brumaire, le sans-culotte Piorry, représentant du peuple, aux sans-culottes composant la Société populaire de Poitiers. »