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LE GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


bataillons jacobins. — D’avance, avec cette manière d’entendre l’insurrection, on est sûr d’être vaincu.

Aussi bien les insurgés ont conscience de leur attitude fausse ; ils sentent vaguement qu’en reconnaissant l’autorité militaire de la Convention, ils reconnaissent son autorité plénière ; insensiblement, ils glissent sur cette pente, de concessions en concessions, jusqu’à l’obéissance complète. Dès le 16 juin, à Lyon[1], « on commence à sentir qu’il ne faut pas rompre avec la Convention ». Cinq semaines plus tard, les autorités constituées de Lyon reconnaissent solennellement « la Convention comme le seul point central et de ralliement de tous les citoyens français et républicains[2] », et arrêtent « que tous les décrets émanés d’elle concernant l’intérêt général de la République doivent être exécutés ». En conséquence, à Lyon et dans les autres départements, les administrations convoquent les assemblées primaires, comme la Convention l’a prescrit. En conséquence, les assemblées primaires votent la Constitution que la Convention a proposée. En conséquence, les délégués des assemblées primaires se rendent à Paris, comme la Con-

  1. Archives nationales, AF, II, 43 (Lettre de Robert Lindet, 16 juin 1793). — Cette correspondance de Lindet, très curieuse, montre très clairement les sentiments des Lyonnais et la politique de la Montagne : « Quelle que soit l’agitation de Lyon, l’ordre y règne ; personne ne veut ni rois ni tyrans. Tous tiennent le même langage ; les mots république, unité, indivisibilité sont dans toutes les bouches. » (8 juin.) — Il répète toujours le même conseil au Comité de Salut public : « Publiez une Constitution, publiez les motifs du décret d’arrestation. Cela est indispensable pour rallier tout le monde autour de la Convention. » (15 juin.)
  2. Guillon de Montléon, I, 309 (24 juillet).