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LA RÉVOLUTION


feuillants et royalistes, négociants, hommes de loi, rentiers et muscadins[1]. Ce sont des nids de reptiles ; il n’y a rien à faire qu’à les écraser.

IX

En effet, soumis ou insoumis, on les écrase. Sont déclarés traîtres à la patrie, non seulement les membres des comités départementaux, mais, à Bordeaux, tous ceux qui ont « concouru ou adhéré aux actes de la Commission de salut public », à Lyon, tous les administrateurs, fonctionnaires, officiers civils ou militaires qui ont « convoqué ou souffert le congrès de Rhône-et-Loire », bien plus, « tout individu dont le fils, ou le commis, ou le serviteur, ou même l’ouvrier d’habitude, aura porté les armes ou contribué aux moyens de résistance », c’est-à-dire la garde nationale entière, qui s’est armée, et la population presque entière, qui a fourni son argent ou voté dans ses sections[2]. — En vertu du décret, tous les dissidents sont « hors la loi », c’est-à-dire bons à guillotiner sur simple constatation d’identité, et leurs biens confisqués. En conséquence, à Bordeaux, où pas un coup de fusil n’a été tiré, le maire Saige, principal auteur de la soumission, est sur-le-champ conduit à l’échafaud, sans autre forme

  1. Guillon de Montléon, I, 394 (Lettre de Dubois de Crancé aux Lyonnais, 19 août 1793).
  2. Mortimer-Ternaux, VIII, 198 (Décret du 6 août). — Buchez et Roux, XXVIII, 297 (Décret du 12 juillet). — Guillon de Montléon, I, 342 (Sommation de Dubois de Crancé, 8 août).