n’est à leur endroit qu’un gérant, c’est-à-dire un fonctionnaire semblable aux autres, nommé à titre précaire et toujours révocable par l’État qui l’a commis. « Comme la nature donne à chaque homme un pouvoir absolu sur tous ses membres, le pacte social donne au corps social un pouvoir absolu sur tous les siens. » Souverain omnipotent, propriétaire universel, l’État exerce à discrétion ses droits illimités sur les personnes et sur les choses ; en conséquence, nous, ses représentants, nous mettons la main sur les choses et sur les personnes ; elles sont à nous, puisqu’elles sont à lui.
Nous avons confisqué les biens du clergé, environ 4 milliards ; nous confisquons les biens des émigrés, environ 3 milliards[1] ; nous confisquons les biens des guillotinés et des déportés : il y a là des centaines de millions ; on les comptera plus tard, puisque la liste reste ouverte et va s’allongeant tous les jours. Nous séquestrons les biens des suspects, ce qui nous en donne l’usufruit : encore des centaines de millions ; après la guerre et le bannissement des suspects, nous saisirons la propriété avec l’usufruit : encore des milliards de capital[2]. En attendant, nous prenons les biens des hôpitaux et autres établissements de bienfaisance, environ 800 millions ; nous prenons les biens des fabriques, des fondations, des instituts d’éducation, des sociétés littéraires ou scientifiques : autre tas de