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LES GOUVERNÉS


encore de 7502. Il y a 975 détenus dans les prisons de Brest ; il y en a plus de 1000 dans les prisons d’Arras, plus de 1500 dans celles de Toulouse, plus de 3000 dans celles de Strasbourg, plus de 13 000 dans celles de Nantes[1]. Dans les deux départements de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, le représentant Maignet, qui est sur place, annonce de 12 000 à 15 000 arrestations[2]. « Quelque temps avant Thermidor, dit le représentant Beaulieu, le nombre des détenus s’élevait à près de 400 000 ; c’est ce qui résulte des listes et des registres qui étaient alors au Comité de Sûreté générale[3]. »

  1. Duchatelier, Brest pendant la Terreur, 105. — Paris, Histoire de Joseph Lebon, II, 370. — Pescayre, Tableau des prisons de Toulouse, 409. — Recueil de pièces authentiques sur la Révolution à Strasbourg, I, 65 (Liste d’arrestations à partir du 7 prairial an II). « Lors des arrestations ci-après mentionnées, il y avait déjà plus de 3000 personnes enfermées à Strasbourg. » — Alfred Lallié, les Noyades de Nantes, 90.
  2. Berryat-Saint-Prix, 436 (Lettre de Maignet à Couthon, Avignon, 4 floréal an II).
  3. Beaulieu, Essais, V, 283. — Déjà, à la fin de décembre 1793, Camille Desmoulins écrivait : « Ouvrez les portes des prisons à ces 200 000 citoyens que vous appelez des suspects. » (Le Vieux Cordelier, n° 4, 30 frimaire an II.) Or le nombre des détenus s’est beaucoup accru pendant les sept mois suivants. — Beaulieu ne dit pas avec précision ce qu’on entendait, au Comité de Sûreté générale, par détenus : s’agit-il seulement des gens détenus dans la prison publique, ou doit-on aussi comprendre sous ce nom les gens reclus chez eux ? — On peut contrôler son assertion et déterminer des chiffres probables, en considérant un département où la rigueur du régime révolutionnaire a été moyenne, et où le relevé des listes est presque complet. D’après le recensement de 1791, le Doubs contenait 221 000 habitants, la France avait 26 millions d’habitants, et l’on vient de voir, pour le Doubs, le chiffre des détenus de chaque catégorie ; la proportion donne, pour la France, 258 000 personnes en prison, 175 000 personnes recluses chez elles, 175 000 autres personnes consignées dans