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LA RÉVOLUTION


qualités et professions, d’abord que les trois quarts des gens cultivés y sont inscrits, ensuite que la culture de l’esprit par elle-même est suspecte[1]. « On était également coupable, écrivent les administrateurs de Strasbourg, soit qu’on fût riche, soit qu’on fût instruit… La municipalité (jacobine) déclara l’université fédéraliste ; elle proscrivit l’instruction publique, et fit, en conséquence, arrêter les professeurs, les régents, les maîtres d’école et tous les instituteurs, tant publics que privés, même ceux munis d’un certificat de civisme… On a incarcéré tous les ministres et instituteurs du culte protestant dans le Bas-Rhin, avec menace de les transférer à la citadelle de Besançon. » — Aux Jacobins de Paris, Fourcroy, pour s’excuser d’être savant, de faire des cours de chimie, de ne pas donner tout son temps aux bavardages de la Convention et des clubs, a dû déclarer qu’il était pauvre, qu’il vivait de son travail, qu’il nourrissait « le sans-culotte son père, et les sans-culottes ses sœurs ». Quoique bon républicain, il échappe tout juste, et ses pareils de même. « On persécutait tous les hommes instruits, dit-

  1. Recueil de pièces authentiques, etc., I, 29, et deuxième lettre de Frédéric Burger, 25 thermidor. — Archives nationales, AF, II, 111 (Arrêté des représentants Merlino et Amar, Grenoble 27 avril 1793) : « Les personnes chargées de l’instruction et de l’administration immédiate des établissements publics connus dans cette ville sous les noms 1° des Orphelines ; 2° des Présentines ; 3° des Capucines ; 4° de la Propagation ; 5° de l’Hospice pour les domestiques du sexe…, seront mises en état d’arrestation, et il leur est fait défense de s’immiscer dans aucune des fonctions relatives à l’enseignement, instruction ou éducation. »