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LA RÉVOLUTION


toit, non seulement il n’achète plus d’engrais et il épuise le sol, mais encore il saccage la forêt, il aliène les champs, il désarticule le corps de ferme, il mutile la terre, l’outillage, la maison d’habitation, il vend les glaces, les plombs, les ferrures, parfois les volets et les portes, il se fait de l’argent comptant, n’importe par quels dégâts, aux dépens du domaine, qu’il laisse dégradé, dégarni et pour longtemps improductif. Pareillement, les communaux ravagés et pillés, puis dépecés et partagés, sont autant d’organismes qu’on blesse avec profit momentané pour les indigents du village, mais au détriment de la production bien entendue et de l’abondance future[1]. — Seul, parmi ces millions d’hommes qui cessent de travailler ou qui travaillent à contresens, le petit cultivateur travaille, et fructueusement ; soulagé de l’impôt, de la dîme et des redevances, acquéreur à bon compte, ou sans bourse délier, d’un lopin de terre, il a du cœur à l’ouvrage[2] ;

  1. Rapport des préfets, ans IX, X, XI et XII. En général, l’effet du partage des communaux a été désastreux, surtout dans les pays de pâturages et de montagnes. — (Doubs) : « Le partage des communaux a plutôt contribué, dans toutes les communes, à la ruine absolue du pauvre qu’à l’amélioration de son sort. » — (Lozère) : « Le partage des communaux par la loi du 10 juin 1793 a été très nuisible à la culture. » — Ces partages ont été fort nombreux. — (Moselle) : « Sur 686 communes, 107 ont partagé les biens communaux par têtes, et 579 par familles ; 119 sont restées dans l’indivision. »
  2. Ib. (Moselle). Très nombreuses naissances en 1792. « Mais cette année est hors de toutes les années. Les abus en tout genre, le papier-monnaie, le non-payement des impôts et des redevances, le partage des communaux, la vente à vil prix des biens nationaux, avaient répandu parmi le peuple une telle