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LES GOUVERNÉS


partout ailleurs[1]. — « Le commerce est anéanti », écrit de Paris un négociant suisse[2], et l’on dirait que, par système, le gouvernement s’applique à le rendre impossible. Le 27 juin 1793, la Convention ferme la Bourse ; le 15 avril 1794, elle supprime les « compagnies financières » et « défend à tous banquiers, négociants et autres personnes quelconques de former aucun établissement de ce genre, sous aucun prétexte et sous quelque dénomination que ce soit ». Le 8 septembre 1793, la Commune a fait poser les scellés chez « tous les banquiers, agents de change, hommes d’affaires, marchands d’argent[3] », et les met eux-mêmes sous les verrous ; par grâce, et considérant qu’ils sont obligés de payer les traites tirées sur eux, elle consent à les élargir, mais provisoirement et à condition qu’ils resteront aux arrêts chez eux, « sous la garde de deux bons citoyens », à leurs frais. C’est aussi le cas, à Paris et dans les autres villes, non seulement pour les négociants notables, mais

  1. Archives des affaires étrangères, tome 332 (Lettre de Desgranges, Bordeaux, 12 brumaire an II) : « On ne parle pas plus ici d’affaires de commerce que si jamais il n’y en avait eu. »
  2. Dr  Jain, Choix de documents et lettres trouvés dans des papiers de famille, 144 (Lettre de Gédéon Jain, banquier à Paris, 18 novembre 1793) : « Les affaires, difficiles et périlleuses, occasionnent des pertes fréquentes et sensibles. Les ressources et le crédit sont presque nuls. »
  3. Archives nationales, F7, 2475 (Lettres de Lhuillier, procureur-syndic du département de Paris, 7 et 10 septembre 1793. — Rapport des membres du Comité de la section des Piques, 8 et 10 septembre 1793). — Conférer les pétitions des commerçants et hommes de loi incarcérés à Troyes, Strasbourg, Bordeaux, etc. — Archives nationales, AF, II, 271 (Lettre du représentant Francastel) : « Au moins trois mille aristocrates accapareurs sont arrêtés à Nantes…, et ce n’est pas le dernier épurement. »