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LES GOUVERNANTS


ville ; il tiendrait autour d’une table. — Avec tant d’efforts pour s’étendre, les Jacobins ne parviennent qu’à disséminer leur bande ; avec tant de soin pour se choisir, ils ne parviennent qu’à restreindre leur nombre. Ils restent ce qu’ils ont toujours été, une petite féodalité de brigands superposée à la France conquise[1]. Si la terreur qu’ils répandent multiplie leurs serfs, l’horreur qu’ils inspirent diminue leurs prosélytes, et leur minorité demeure infime, parce que pour collaborateurs ils ne peuvent avoir que leurs pareils.

VI

Aussi bien, quand on regarde de près le personnel définitif et final de l’administration révolutionnaire, on n’y trouve guère, en province comme à Paris, que les notables de l’improbité, de l’inconduite et du vice, ou

    deaux, 9 mars 1793). Avant le 2 juin, « le club national » de Bordeaux, composé de Maratistes, « ne comprenait que 8 à 10 individus tout au plus ». — Moniteur, XXII, 133 (Discours de Thibaudeau sur la Société populaire de Poitiers, 11 vendémiaire an III). — Ib., XXII, 355 (séance du 5 brumaire an III, lettre de Calès, et séance du 17 brumaire an III, rapport de Calès). « La Société populaire de Dijon faisait trembler corps administratifs, citoyens, districts voisins. Tout était soumis à ses lois, et trois ou quatre hommes lui en donnaient à elle-même. Cette société et la municipalité ne faisaient qu’un. » — Le parti de la Terreur n’existe pas ici, ou, s’il existe, il est bien peu de chose ; car, sur 20 000 habitants, il n’y a pas six individus qu’on puisse légitimement soupçonner être de ce parti. »

  1. Baraly, les Jacobins démasqués (in-8° de 8 pages, an II) : « Les Jacobins, avec leurs 400 membres très actifs à Paris, et les 4000 autres non moins dévoués dans les provinces, représentaient la force vive de la Révolution. »