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LE RÉGIME MODERNE


chose à côté, au delà, au delà de toute similitude ou analogie. — italien, il l’était d’extraction et de sang, d’abord par sa famille paternelle[1], qui est toscane et qu’on peut suivre, depuis le xiie siècle, à Florence, puis à San-Miniato, ensuite à Sarzana, petite ville écartée, arriérée de l’État de Gênes, où, de père en fils, elle végète obscurément, dans l’isolement provincial, par une longue série de notaires et de syndics municipaux, « Mon origine, dit Napoléon lui-même[2], m’a fait regarder par tous les italiens comme un compatriote… Quand il fut question du mariage de ma sœur Pauline avec le prince Borghèse, il n’y eut qu’une voix à Rome et en Toscane, dans cette famille et tous ses alliés : « C’est bien, ont-ils tous dit, c’est entre nous, c’est une de nos familles… » Plus tard, lorsque le pape hésitait à venir couronner Napoléon, « le parti ita-

    coulant, membre du comité de la guerre en juin 1795) : « Boissy d’Anglas lui dit qu’il avait vu, la veille, un petit italien, pâle, frêle, maladif, mais singulier par la hardiesse de ses vues et l’énergique fermeté de son langage. » — Le lendemain, visite de Bonaparte à Pontécoulant : « Attitude raidie par une fierté souffrante, dehors chétifs, figure longue, creuse et cuivrée… Il revient de l’armée et en parle en connaisseur. »

  1. Coston, Biographie des premières années de Napoléon Bonaparte, 2 vol. (1840), passim. — Yung, Bonaparte et son temps, I, 300, 302. (Pièces généalogiques.) — Le roi Joseph, Mémoires, I, 109, 111. (Sur les diverses branches et les hommes distingués de la famille Bonaparte.) — Miot de Melito, Mémoires, II, 30. (Documents sur la famille Bonaparte recueillis sur place par l’auteur en 1801.)
  2. Mémorial, 6 mai 1816. — Miot de Melito, II, 30 (Sur les Bonaparte de San-Miniato) : « Le dernier rejeton de cette branche était un chanoine qui vivait encore dans cette même ville de San-Miniato et que Bonaparte vint visiter lorsque, en l’an IV, il vint à Florence. »