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NAPOLÉON BONAPARTE


traite de haut en bas son adversaire, parfois même il l’outrage en face et lui jette au visage les imputations les plus injurieuses[1] ; il divulgue les secrets de sa vie privée, de son cabinet, de son alcôve ; il diffame ou calomnie ses ministres, sa cour et sa femme[2] ; il le blesse exprès à l’endroit sensible, il lui apprend qu’il est une dupe, un mari trompé, un fauteur d’assassinat ; il prend avec lui le ton d’un juge qui condamne un coupable, ou le ton d’un supérieur qui gourmande un subordonné, ou mieux, le ton d’un précepteur qui

  1. 37e bulletin, annonçant la marche d’une armée sur Naples « pour punir les trahisons de la reine et précipiter du trône cette femme criminelle qui, avec tant d’impudeur, a violé tout ce qui est sacré parmi les hommes ». — Proclamation du 13 mai 1809 : « Vienne, que les princes de la maison de Lorraine ont désertée, non comme des soldats d’honneur qui cèdent aux circonstances et aux hasards de la guerre, mais comme des parjures que poursuivent leurs propres remords… En fuyant de Vienne, leurs adieux à ses habitants ont été le meurtre, l’incendie. Comme Médée, ils ont de leurs propres mains égorgé leurs enfants. » — 13e bulletin : « La rage de la maison de Lorraine contre la ville de Vienne… ».
  2. Note de Talleyrand au ministre espagnol des affaires étrangères, et lettre de Napoléon au roi d’Espagne (18 septembre 1803), sur le prince de la Paix : « Ce favori, parvenu par la plus criminelle des voies à un degré de faveur inouï dans les fastes de l’histoire… Que Votre Majesté éloigne d’elle un homme qui, conservant dans son rang les passions basses de son caractère,… n’a existé que par ses propres vices. » — Après la bataille d’Iéna, 9e, 17e, 18e et 19e bulletins, comparaison de la reine de Prusse avec lady Hamilton, insinuations très claires et redoublées pour lui imputer une intrigue avec l’empereur Alexandre. « Tout le monde avoue que la reine est l’auteur des maux que souffre la nation prussienne. On entend dire partout : Combien elle a changé depuis cette fatale entrevue avec l’empereur Alexandre !… On a trouvé dans l’appartement qu’occupait la reine de Prusse à Potsdam, le portrait de l’empereur Alexandre, dont ce prince lui a fait présent. »