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NAPOLÉON BONAPARTE


intervention chez mes voisins, à mes récentes acquisitions de territoire, cela ne vous regarde pas : « Je suppose que vous voulez parler du Piémont et de la Suisse ? Ce sont des bagatelles[1]… » — « Il est reconnu par l’Europe que la Hollande, l’Italie et la Suisse sont à la disposition de la France[2]. » D’autre part l’Espagne m’obéit, et par elle je tiens le Portugal : ainsi, d’Amsterdam à Bordeaux, de Lisbonne à Cadix et à Gênes, de Livourne à Naples et à Tarente, je puis vous fermer tous les ports ; point de traité de commerce entre nous. Si je vous en accorde un, il sera dérisoire : pour chaque million de marchandises anglaises que vous importerez en France, vous exporterez de France un million de marchandises françaises[3] ;

    en bien ou en mal des gouvernements étrangers ; il n’a jamais voulu y consentir. » — St. de Girardin : « Il ne le pouvait pas. » Bonaparte : « Pourquoi ? » — St. de Girardin : « Parce qu’une semblable convention eût été contraire aux lois fondamentales du pays. » — Bonaparte : « J’ai une bien médiocre opinion, » etc.

  1. Hansard, t. XXXVI, 1298, (Dépêche de lord Whitworth, 21 février 1803, conversation avec le Premier Consul aux Tuileries). Seeley, A short History of Napoleon the first. Bagatelles est une expression adoucie ; dans une parenthèse qui n’a jamais été imprimée, lord Whitworth ajoute : « L’expression dont il se servit était trop triviale et trop basse pour trouver place dans une dépêche et partout ailleurs, sauf dans la bouche d’un cocher de fiacre. »
  2. Lanfrey, Histoire de Napoléon, II, 482 (Paroles du Premier Consul aux délégués suisses, conférence du 29 janvier 1803).
  3. Sir Neil Campbell, Napoleon at Fontainebleau and Elba, 201 (Paroles de Napoléon devant sir Neil Campbell et les autres commissaires). — Le même projet est mentionné presque en termes identiques dans le Mémorial de Sainte-Hélène. — Pelet de la Lozère, Opinions de Napoléon au Conseil d’État, 238