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LE RÉGIME MODERNE


des rois d’Oude ou de Lahore. Chez autrui comme chez lui, il ne peut s’empêcher d’agir en maître. « L’aspiration à la domination universelle[1] est dans sa nature même ; elle peut être modifiée, contenue ; mais on ne parviendra jamais à l’étouffer. »

Dès le Consulat, elle éclatait ; c’est pour cela que la paix d’Amiens n’a pu durer : à travers les discussions diplomatiques et par delà les griefs allégués, son caractère, ses exigences, ses projets avoués et l’usage qu’il compte faire de sa force, tels sont les causes profondes et les motifs vrais de la rupture. Au fond, en termes intelligibles et souvent en paroles expresses, il dit aux Anglais : Chassez de votre île les Bourbons, et fermez la bouche à vos journalistes ; si cela est contraire à votre Constitution, tant pis pour elle, ou tant pis pour vous ; « il y a des principes généraux du droit des gens devant lesquels se taisent les lois (particulières) des États[2] ». Changez vos lois fondamentales : supprimez chez vous, comme j’ai supprimé chez moi, la liberté de la presse et le droit d’asile ; « j’ai une bien médiocre opinion d’un gouvernement qui n’a pas le pouvoir d’interdire des choses capables de déplaire aux gouvernements étrangers[3] ». Quant au mien, à mon

  1. M. de Metternich, II, 378 (Lettre à l’empereur d’Autriche, 28 juillet 1810).
  2. Note présentée par l’ambassadeur français, Otto, 17 août 1802.
  3. Stanislas de Girardin, III, 296 (Paroles du Premier Consul, 24 floréal an XI) : « J’avais proposé au ministère britannique, depuis plusieurs mois, de conclure un arrangement en vertu duquel on rendrait une loi, en France et en Angleterre, qui défendrait aux journaux et aux membres des autorités de parler