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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 9, 1904.djvu/38

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LE RÉGIME MODERNE


« remis hier soir le ministre de la guerre, j’y ai relevé vingt fautes, dont j’ai envoyé ce matin les notes au ministre, qui maintenant est occupé, avec ses bureaux, à les rectifier. » — Ses collaborateurs fléchissent et défaillent sous la tâche qu’il leur impose et qu’il porte sans en sentir le poids. Étant consul[1], « il préside quelquefois des réunions particulières de la section de l’intérieur depuis dix heures du soir jusqu’à cinq heures du matin… Souvent, à Saint-Cloud, il retient les conseillers d’État depuis neuf heures du matin jusqu’à cinq heures du soir, avec une suspension d’un quart d’heure, et ne paraît pas plus fatigué à la fin de la séance qu’au commencement ». Pendant les séances de nuit, « plusieurs membres tombent de lassitude, le ministre de la guerre s’endort » ; il les secoue et les réveille : « Allons ! allons ! citoyens, réveillons-nous, il n’est que deux heures, il faut gagner l’argent que nous donne le peuple français ! » Consul ou Empereur[2], « à chaque ministre il demande compte des

  1. Pelet de la Lozère, Opinions de Napoléon au Conseil d’État, 8. — Rœderer, III, 380.
  2. Mollien, Mémoires, I, 379 ; II, 230. — Rœderer, III, 434. « Il est à la tête de tout : il gouverne, il administre, il négocie, il donne chaque jour au travail dix-huit heures de la tête la plus nette et la mieux organisée ; il a plus gouverné en trois ans que les rois en cent ans. » — Lavalette, Mémoires, II, 75 (Paroles du secrétaire de Napoléon sur le travail de Napoléon à Paris après Leipzig) : « Il se couche à onze heures, mais il se lève à trois heures du matin, et jusqu’au soir il n’y a pas un moment qui ne soit pour le travail. Il est temps que cela finisse, car il succombera, et moi avant lui. » — Gaudin, duc de Gaëte, Mémoires, III (supplément), 75. Récit d’une soirée où, de huit heures du soir à trois heures du matin, Napoléon examine, avec Gaudin, son budget