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II


Voilà de grands dons : un art de composition exquis, la largeur et l’aisance des phrases, un ton familier et noble, un style pur, une imagination riche et mesurée, toutes les facultés oratoires. Quittons le domaine qui leur est propre ; sortons de ces vérités moyennes où elles s’exercent ; voyons ce qu’elles deviendront sur un autre terrain. Entrons dans le champ du raisonnement pur, de la sèche analyse, de la démonstration rigoureuse. Quel changement, et qu’il est vrai de dire que chacun doit rester chez soi !

Je prends le morceau capital, la célèbre préface réfutée par Schelling, où M. Cousin essaye d’expliquer et de justifier sa méthode, de former et de résumer son système. Bien entendu, nous n’examinons que le style. Or, le style est un amas d’équivoques, de termes inexacts, de métaphores, d’expressions vagues. L’auteur ressemble à un homme qui voudrait calculer avec des chiffres dont il ignorerait ou changerait la valeur. Voici quelques phrases prises au hasard, mais toutes importantes, car chacune d’elles contient une doctrine. Que penser de la doctrine, si on la juge par l’expression ?