Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À chaque instant, M. Cousin nous fait oublier ses personnages ; il entre lui-même dans le récit, un paquet de livres sous le bras. Il nous donne entre un duel et un billet doux le spectacle de ses lectures, de ses recherches et de ses perplexités érudites. Il étale sa bibliothèque en plein salon. Coligny fit la cour à Mme de Longueville et va se battre pour elle. Qui est ce Monsieur ? de quel droit usurpe-t-il sur M. Cousin l’honneur d’être le champion de Mme de Longueville ? Quelque freluquet, sans doute ? M. Cousin veut avoir des renseignements sur ce jeune homme. Il n’en trouve pas, et cela le contrarie. Il s’inquiète. Quoi ! Lenet ne dit rien de lui !

Nous avouons qu’un tel silence n’est guère en sa faveur. Mais répondons-nous à nous-mêmes que Coligny était jeune, qu’il n’avait pas eu le temps de se faire connaître, et qu’il a été naturellement éclipsé par Dandelot, qui succéda à son titre et prit sa place auprès de Condé. Dans l’absence de tout autre document, un manuscrit de la Bibliothèque nationale, auquel déjà nous avons eu recours, nous fournit quelques détails dont nous ne garantissons point la parfaite exactitude, mais qu’il ne nous est pas permis de négliger faute de mieux. Ce manuscrit nous représente Coligny comme très-bien fait, sans avoir pourtant une tournure fort élégante, spirituel et ambitieux, mais d’un mérite au-dessous de son ambition.

Que cette peinture est vive ! quel à-propos dans cette parenthèse ! Quel intérêt dans « ces aveux, »