Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/169

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d’étudier sa nature ou de démontrer son existence, comme un physicien examine la nature et démontre l’existence de l’éther ; il s’agit de trouver en lui un gardien de la morale. Pour qu’il soit le gardien de la morale, il faut qu’il ressemble à l’homme le plus qu’il se pourra ; il faut qu’on le considère comme un juge, comme un roi, comme un surveillant éternel, comme un distributeur de peines et de récompenses. Nous lui attribuerons toutes ces qualités, et nous dirons que, s’il est l’auteur de l’humanité, il en est « le type. » Nous ne nous embarrasserons pas de concilier ces attributs moraux avec les attributs métaphysiques. Nous n’examinerons pas si le Dieu qu’on prouve par l’idée de l’infini n’a pas une nature contraire à la nature du Dieu qu’on construit par l’induction psychologique. Nous fonderons notre principale démonstration sur une équivoque visible[1] ; et nous développerons en style touchant ou en phrases imposantes la grandeur de cette idée et la force de cette démonstration. Pour que Dieu distribue des peines et des récompenses, il faut que l’âme survive à la mort ; nous dirons donc que l’âme est immortelle. Nous prendrons pour arguments ceux des philosophes qui nous ont précédés. Nous éviterons soigneusement d’en ajouter un seul ; et nous ne daignerons

  1. Le double sens du mot vérité.