Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/191

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traction forme une idée générale, en tire une loi générale, et par cette loi produit en nous l’idée d’un infini.

— Nos yeux sont plus intelligents que notre cervelle. Daignez trouver un exemple qui rende sensible la génération de l’infini.

— Soit 1 à diviser par 3.

10 3
10 0,3333, etc.
10
10
etc.

La série verticale des 1 et la série horizontale des 3 sont visiblement infinies.

Remarquez la façon dont vous découvrez cette infinitude. Dès la première opération, vous constatez que le reste est 1 comme le dividende. Puisque le diviseur ne change pas, la deuxième opération se trouve la même que la première. Donc, puisque la première en engendre une autre semblable à elle-même, la deuxième en engendrera une autre semblable à elle-même, et ainsi de suite. Puisque le quotient de la première est 3, le quotient de la seconde est 3, et ainsi de suite. D’où je conclus que le nombre des chiffres du quotient est absolument infini, et que tous les chiffres sont des 3. Toutes ces conséquences naissent d’une seule remarque