Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/207

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vert au dix-septième siècle, toute une littérature féminine et toute une galerie de femmes illustres. M. SainteBeuve, dans une autre préface, se souvint qu’il avait écrit lui-même l’histoire de Port-Royal et de ses religieuses, et qu’en outre il avait fait le portrait de plusieurs grandes dames du temps. Il le dit, et en style piquant. Le public compta les piqûres et jugea que la province littéraire disputée était assez grande pour recevoir deux habitants.

D’autres traits, quoique singuliers, font plaisir ; toute passion vraie est aimable. Celle de M. Cousin pour les textes inédits ressemble à l’amour d’un chevalier pour sa dame. Le chevalier, pour délivrer sa dame, tuait les monstres, rompait les enchantements, abattait les géants, escaladait les murailles. M. Cousin pénètre dans les couvents, bouleverse les bibliothèques, séduit les bibliothécaires, dépense des trésors d’amabilité, d’éloquence et de patience, pour conquérir les précieux documents. Sur un simple portrait, Amadis devint amoureux d’Oriane ; sur un simple soupçon, M. Cousin devient amoureux d’un texte ; épris du manuscrit qu’il devine, il se met en campagne, il écrit à l’un, fait écrire à l’autre, et poursuit une lettre de Descartes ou un fragment de Malebranche avec une opiniâtreté et un enthousiasme que personne n’a plus. « Le catalogue imprimé des ma-