Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/237

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et sincère. Devant des parents et des fonctionnaires, il osa dire, en style de poëte : « Le sommet de la vie vous en dérobe le déclin ; de ses deux pentes, vous n’en connaissez qu’une, celle que vous montez. Elle est riante, elle est belle, elle est parfumée comme le printemps. Il ne vous est pas donné, comme à nous, de contempler l’autre avec ses aspects mélancoliques, le pâle soleil qui l’éclaire, et le rivage glacé qui la termine. Si nous avons le front triste, c’est que nous la voyons. » Il n’acheva pas de la descendre. Bientôt on ne l’entendit plus qu’à de rares intervalles. Il faisait une leçon, puis s’arrêtait. La consomption physique vint aider l’autre. Une interpellation de tribune l’acheva. Il mourut à quarante-six ans.


II


Ce caractère et ces événements conduisirent son esprit et déterminèrent ses idées. Ayant quitté la religion parce qu’elle manque de preuves, son premier besoin en philosophie fut la certitude. Pour toute garantie, il trouvait la méthode ; avec sa passion ordinaire, il embrassa la méthode et ne la quitta plus.

Son premier soin, en abordant une recherche,