Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/252

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rance reposait désormais sur les progrès de la psychologie. Selon lui, Reid et Stewart, pour la première fois, avaient fait d’elle une science indépendante, importante en elle-même, digne d’étude non-seulement pour les découvertes qu’elle prépare, mais encore pour les vérités qu’elle contient. Avant eux, on l’avait étudiée en accessoire, la consultant par occasion, par intérêt, en vue d’un objet étranger, pour y chercher les preuves d’une opinion logique ou métaphysique, légèrement, irrégulièrement, sans préparation, sans découvertes, sans attention et sans fruit. Elle avait été maltraitée comme toutes les servantes. Dorénavant les psychologues, n’ayant pas l’esprit prévenu par des questions préconçues, cesseraient de mutiler ou défigurer les faits, et en donneraient des descriptions complètes et exactes. On pouvait donc reprendre avec confiance les recherches et les expériences. Les Écossais avaient trouvé la cause du mal et le moyen de guérison.

Ayant montré que la psychologie est utile, il voulut prouver qu’elle est possible[1], et mit dans cette preuve une abondance d’explications, une rigueur de raisonnement, un entraînement de passion et une force de conviction, qui renversèrent toute résistance et parurent lever toute difficulté. Il fit

  1. Préface de sa traduction de Dugald Stewart.