physiques, pour multiplier les faits observables, il a fallu transformer l’instrument observateur. L’historien s’est créé un thermomètre, son âme. En s’observant, en étudiant les hommes, en écrivant, en agissant, il a fini par découvrir les divers genres de sentiments qui produisent les divers genres de phrases, de formes, d’attitudes et d’actions. Dorénavant, quand il en rencontre une, il éprouve et aperçoit l’émotion qu’elle signifie, comme le chimiste connaît, par les différentes teintes de son papier de tournesol, qu’une dissolution est neutre, alcaline ou acide. En vain vous auriez les meilleurs yeux et la plus grande science du monde, vous n’apercevriez dans un tableau que des lignes et dans une charte qu’une écriture, si votre imagination n’est pas devenue sensible et si vous n’avez pas au dedans de vous un réactif indicateur.
C’est pour cela qu’aujourd’hui la psychologie est méprisée et paraît stérile. Les savants disent que la science de M. Jouffroy a pour objet de couper les cheveux en quatre ou d’enseigner le français aux enfants ; non sans raison. Réduite à l’observation directe, la psychologie ne peut pas découvrir de vérités importantes et nouvelles. L’attention la plus assidue n’y fait que préciser les notions vulgaires. M. Jouffroy lui-même avouait qu’il n’enseignait rien de neuf à ses auditeurs, que tout son travail était d’éclaircir leurs idées obscures, qu’il les ac-