Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/371

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du corps vivant, et à tous les moments de la vie : la nutrition ou réparation des organes. Je suppose qu’il est cause d’un groupe d’autres faits, et je vais vérifier cette hypothèse. Si la vérification me dément, je prendrai tour à tour les faits généraux qui se rencontreront alentour, jusqu’à ce qu’en tâtonnant je tombe sur ceux qui sont des causes.

Qu’est-ce que j’appelle une cause ? Un fait d’où l’on puisse déduire la nature, les rapports et les changements des autres. Si la nutrition est une cause, on pourra déduire d’elle la nature et les rapports d’un groupe d’opérations et d’organes ; on pourra aussi déduire d’elle les changements que ce groupe subit d’espèce à espèce, et dans le même individu. Cela est-il ? L’expérience va répondre. Si elle répond oui, la nutrition, ayant les propriétés des causes, est une cause ; et l’hypothèse justifiée devient une vérité.

Première vérification : considérez les rapports et la nature des opérations et des organes. Les appétits, les instincts, les forces musculaires, les armes de l’animal sont établis et combinés de manière à ce qu’il veuille et puisse se nourrir. Les opérations par lesquelles l’aliment est mâché, humecté, avalé, digéré, charrié dans les artères et dans les veines, porté dans les organes qu’il doit réparer, décomposé pour fournira chaque organe