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reste plus que deux, le dépérissement et la réparation. Encore de ces deux l’un évidemment est une conséquence ; s’il est dans la nature de l’animal de dépérir incessamment, il faut pour subsister qu’il se répare. Réduisons donc encore et posons une cause unique, le dépérissement.

Cela même nous en découvre une nouvelle. Qui est-ce qui dépérit et se répare ? L’animal, c’est-à-dire le type, forme fixe et limitée, durable de génération en génération. Ce type est essentiel, puisque, lorsqu’il est altéré, l’animal périt ou le régénère ; il est distinctif, puisque par contraste un corps non vivant peut varier indéfiniment dans sa grandeur et dans sa forme, sans pour cela se régénérer ou périr. Qu’il dépende en quelques points et pour quelques changements des fonctions et de leurs exigences, on l’a prouvé tout à l’heure. Il reste à savoir si dans son ensemble il est une cause primitive et un fait indépendant.

Comment savoir s’il est un effet ou une cause ? En admettant, par hypothèse, qu’il est un effet, puis en vérifiant ou réfutant cette hypothèse par l’expérience. Si la fonction détermine le type, on doit déduire de la fonction l’existence, les variations, la persistance du type. Si elle manque, il doit manquer. Si elle varie, il doit varier. Si elle persiste, il doit persister. Sinon il en est indépendant.