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Page:Taine - Sa vie et sa correspondance, t. 4, 1907.djvu/17

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PREMIER VOLUME DE « LA RÉVOLUTION »

n’avoir que trois volumes en tout pour son ouvrage, dont un seul pour la Révolution. À la date à laquelle nous sommes arrivés (décembre 1877) il prévoyait deux volumes pour la Révolution[1] ; le travail s’allongea sous ses doigts, et il fut amené à en avoir trois. — Le premier volume parut en mars 1878.

On sait quel accueil bruyant lui fut fait, et par la presse et par le public. Du jour au lendemain il fut traîné dans la boue par les uns et porté aux nues par les autres ; pour un homme qui, comme lui, traitait les questions en simple historien et savant, les paroles des uns et des autres étaient assez indifférentes, sa correspondance de toute cette période le montre surabondamment. Ce fut au lendemain de tout ce bruit que les amis qu’il avait à l’Académie, M. Alexandre Dumas étant parmi les plus chauds, l’engagèrent à se présenter sur l’un des trois sièges alors vacants, ceux de M. Thiers, de Claude Bernard et de M. de Loménie. Après beaucoup d’hésitation, il se décida à se porter sur le fauteuil de M. Thiers, contre Henri Martin, M. Renan étant en même temps candidat sur le fauteuil de Claude Bernard.

Mais M. Taine, qui se présentait simplement muni de son bagage littéraire, philosophique et historique, avait omis de compter avec les passions politiques qu’il avait déchaînées. Une fois sur place, à Paris, où, en juin, il était venu pour faire ses visites académiques, il se rendit compte que « la bataille était acharnée et avait pris un caractère tout politique et personnel ». Le 15 juin, M. Henri Martin était élu, l’emportant de trois voix sur M. Taine.

Ses amis n’en furent que plus ardents à le pousser à se représenter sur le seul fauteuil restant vacant, celui de M. de Loménie, pour lequel on devait voter en novembre. On disait à M. Taine que l’élection était assurée, qu’il n’aurait même pas une visite à faire, qu’il pourrait rester

  1. Voir lettre à M. E. Templier, 6 décembre 1877.