taine salade. — Environ quatre mille moines à Rome[1].
Nous avons parcouru l’église, et nous avons vu plusieurs tableaux du Guide, un charmant Saint Michel, les jambes nues, chaussé de bottines, aimable et brillant page militaire, avec une tête d’amoroso ; tout à côté, et par contraste, un Saint François du Dominiquin, bave et consumé. Dans un autre bâtiment est la cellule d’un moine célèbre ; on a mis un autel, et le pape y vient dire la messe. Toutes ces traces du moyen âge ascétique, cette dévotion d’enfant ou de barbare, cette façon d’exalter et de rabougrir l’homme me désolent. Le frère qui nous conduit est à peu près fou, c’est un idiot triste ; il pousse de grands soupirs, et répète toujours les mêmes mots, d’une voix détraquée, avec des yeux hagards. Intende poco, dit le frère qui le remplace.
Celui-ci nous mène dans la chapelle souterraine, horrible et étonnant amas de momies. Cinq ans suffisent à la terre du cimetière pour dessécher un corps ; il est alors tout préparé, et on l’étalé. Quatre chambres sont remplies de ces squelettes, et on les y a groupés en manière de décoration. Les fémurs, les omoplates, les humérus, les bassins font des bouquets, des guirlandes, une élégante tapisserie. Un goût curieux et raffiné a disposé tout cet ameublement ; parfois un crâne au bout d’une chaîne de vertèbres descend du plafond, formant une lampe suspendue ; deux bras, avec leurs articulations et les mains noueuses étendues, se correspondent en guise de pendants de cheminée. Les os creux de la hanche s’entassent les uns au-dessus des autres comme des files d’aiguières sur un buffet de parade. Sur tout
- ↑ Stato delle Anime dell' aima ciltà di Rama, 1763 ; — en tout 6,494 ecclésiastiques.