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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/107

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quelque recette. — Dis-lui que je suis à l’extrémité. — Il dit qu’il vous veut donc dire adieu. — Dis-lui que je suis mort. — Il dit qu’il veut donner de l’eau bénite. » Enfin il le fallut faire entrer.

Comme il passoit un enterrement où on portoit un crucifix, il ôta son chapeau : « Ah ! lui dit-on, voilà qui est de bon exemple. — Nous nous saluons, répondit-il, mais nous ne nous parlons pas. »

Il montra un crucifix à Lopez à la messe, et lui dit : « Voilà de vos œuvres. — Hé ! répondit Lopez, c’est bon à ces messieurs à s’en plaindre ; mais pour vous, de quoi vous avisez-vous  ? »

Il disoit d’un certain Minime qu’on vouloit faire passer pour béat, que le seul miracle qu’il avoit fait, c’étoit que ne mangeant que du poisson, il sentoit l’épaule de mouton en diable.

Il disoit que Rome étoit une chimère apostolique ; et à une promotion de cardinaux que fit le pape Urbain, où il n’y avoit guère de gens de qualité (je pense qu’ils étoient dix en tout), Bautru, en lisant leurs noms, disoit : « N’en voilà que neuf. — Eh ! vous oubliez Fachinetti, dit quel qu’un —Excusez, répondit-il, je pensois que ce fût le titre. »

Une fois qu’il y avoit ici des députés du Mirebalais qui vouloient parler au cardinal de Richelieu, Bautru, qui cherchoit à le divertir, demanda à celui qui portoit la parole : « Monsieur, sans vous interrompre, combien valoient les ânes en votre pays quand vous partîtes ? » Ce député lui répondit : « Ceux de votre taille et de votre poil valoient dix écus. » Bautru demeura déferré des quatre pieds. Il rencontra mieux sur ses chevaux. Il vouloit renvoyer quelqu’un en carrosse, qui, par cérémonie, lui disoit que ses chevaux auroient trop de peine. « Si Dieu, répondit-il, eût fait mes chevaux pour se reposer, il les auroit faits chanoines de la Sainte-Chapelle. »